« Au cœur de notre monde »

Un livre de Patrick Padiou, extrait : Je n’ai pas eu peur de descendre dans cette carrière. Sans doute parce que j’étais inconscient des risques. Ce sont les paroles des frères que j’entendrais un peu plus tard. Peut-être est-ce de l’inconscience mais pas seulement. Je pense que lorsque l’on fait quelque chose avec le cœur, nous sommes protégés. Je suis descendu avec une force qui a fait voler en éclat les préjugés. Le frère Antoine, avec lequel j’étais descendu dans la carrière, m’a dit un jour : « Heureusement qu’Hélène était avec toi ! Car toi, tu me faisais peur. » Descendre dans la carrière avec un blanc pour dire aux responsables : « Nous allons scolariser ces enfants », en plus insister sur le fait de commencer dès à présent, oui rétrospectivement cela pouvait faire peur. Depuis avec Antoine, nous avons appris à nous connaître. Antoine aime bien me parler de ce moment et de ce qu’il a ressenti à ce moment-là. Quelquefois je vais vite, je me dis, ce n’est pas possible d’attendre notre prochaine mission à Madagascar, en Haïti ou au Sénégal. Pour nous le temps passe vite, mais pour ces personnes qui vivent dans des conditions dramatiques, c’est très différent, le temps doit leur peser d’une bien autre manière.